Exposé du Syndicat CSTM lors de la campagne contre la pratique de l’excision: Contexte

CSTM = Confédération syndicale des Travailleurs Maliens, un des deux centrales syndicales au Mali
CSTM excision
Contexte et Justification du projet :

Le Mali est un vaste territoire de 1.241.238 Km2 au cœur de l’Afrique de l’ouest. C’est un pays continental dont le secteur agro – pastoral, jusqu’à une période très récente (exploitation minière de l’or), constituait encore le socle de l’économie.
Avec une population avoisinant les 14 millions d’âmes actuellement, plus de la moitié vivent, malgré l’existence de politiques nationales de lutte contre la pauvreté dans la situation résiduelle de paupérisation chronique qui ne favorise pas l’épanouissement de la femme de façon générale.

La diversité du tableau ethnique rimant avec l’immensité du terroir et surtout avec la diversité culturelle présente, une panoplie de pratiques socio- culturelles dont certaines ont une ascendance tant négative que dramatique sur les couches sensibles telles celles des femmes. Au nombre de ces pratiques, piliers des us et coutumes séculaires se trouvent les pratiques à risque comme le sororat, le lévirat et les mutilations génitales féminines familièrement appelées Excision.

Au Mali, la prévalence de l’excision est très importante malgré les efforts conjugués des autorités et ONG contre la pratique.

Ainsi, il ressort des statistiques que 92% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi une mutilation génitale féminine (MGF). Les taux de prévalence sont seulement moins élevés chez les Sonrai (4%), les Touareg (65%) et les Dogons 79%).

Dans la moitié des cas, il s’agit du clitoris (type 1 selon la classification de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Et, dans l’autre moitié de cas, c’est l’ablation des petites lèvres qui est pratiquée en plus de celle du clitoris (type 2 OMS).
La pratique de l’excision revêt en réalité un caractère très complexe au Mali étant entendu qu’elle varie de manière très importante en fonction des régions et surtout de l’appartenance ethnique.

Dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou, les proportions de femmes excisées sont de loin les plus faibles respectivement 0, 9% ; 1, 8% et 44%.

A Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou ainsi que dans la capitale Bamako, la quasi-totalité des femmes ont été excisées. La pratique est très répandue chez les ethnies suivantes :

-Bambaras et Malinkés : 98% dans les régions de Kayes, Koulikoro et Ségou.
-Sarakolés ou Soninkés : 97% dans les régions de Kayes et Koulikoro.
-Peulhs : 94% dans la région de Mopti.
-Sénoufos et Miniankas : 93% dans la région de Sikasso.
-Sonrai et Tamasheks : proportions très faibles dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou.
Il est important de noter qu’une très faible proportion de femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas l’intention de faire exciser leurs filles (10%) alors que 76% de femmes se sont déclarées en faveur du maintien de la pratique de l’excision. Chez les hommes cette proportion est de 70%.

Ces données statistiques prouvent combien la pratique est ancrée et nécessite un traitement diligent au Mali, spécifiquement au niveau des localités où le taux d’excision est très élevé et alarmant.

Les conséquences de la pratique de l’excision qu’elles soient d’ordre médical immédiat, tardif, socio – psychologique ou économique, dépendent de la sévérité de la pratique et de ce qui a été touché.

Il n y a aucun doute que la pratique de l’excision est une entrave réelle au développement de notre pays car touchant la femme surtout les jeunes filles dont elle met en péril tant leur épanouissement que leur apport dans la production des richesses nationales. Ce qui montre que la pratique de l’excision sous toutes ses formes est un frein à la productivité des femmes qui sont au cœur de l’économie, au niveau de tous les secteurs. L’ensemble des forces vives de la Nation doit dès lors conjuguer leurs efforts pour bouter cette pratique éhontée de nos actions socio culturelles pour le bien de la femme et le progrès social.

C’est à ce titre que la centrale a inscrit son engagement syndical et sa participation efficiente dans la dynamique de la lutte contre la pratique de l’excision, un acte tout autant dégradant, violent et humiliant.

Il s’agit au plan syndical de procéder à une campagne nationale d’information et de sensibilisation sur la nature périlleuse de l’excision, les conséquences et séquelles liées à sa pratique d’une part. Et, mener des sessions de lobbying et de plaidoyer auprès des praticiennes sur le bien fondé de l’abandon de telles pratiques en débats de générations d’autre part.

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